Expérience [1] ... de Milgram
[Le terme de « psychologie expérimentale » employé pleinement lors de la création du premier « Laboratoire de Psychologie Expérimentale », à Rennes (1896, juste avant la révision de l'affaire Dreyfus), par Benjamin Bourdon.]
- Expérience de Milgram sur la soumission à l'autorité (1960-63)
Cette expérience, réalisée par S.Milgram cherchait à évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime. Elle donne des pistes de réflexions sur la soumissions à l'autorité lorsqu'elle induit des actions posant des problèmes de conscience. Les résultats ont été très commentés et à fait naître de nombreuses critiques, cependant elle a été souvent reproduite et les résultats sont toujours aussi convaincants.Procédure: 600 sujets étaient recrutés par annonce de presse, onleut fait croire que l’on réalise une expérience sur la mémoire et les effets de la punition sur le processus d’apprentissage. Le volontaire tire "au hasard" un papier sur lequel est inscrit son rôle durant l'expérience: professeur ou élève (le tirage au sort est truqué, le sujet est toujours "professeur") . Puis on lui demande de faire apprendre des paires de mots (comme chapeau-melon) à son "élève" qui est en fait un acteur.
Consigne: Si l’élève donne une mauvaise réponse, le professeur doit lui administrer un choc électrique croissant de 15 volts à chaque erreur et cela de 15 jusqu’à 450 Volts où il est d’ailleurs indiqué «danger».
Les chocs électriques ne sont biensûr pas réels mais le sont pour le sujet "testé".
L’expérimentateur qui supervise ne dit que quelques phrases: «vous devez continuer» ou «il faut continuer» ou «continuez» ou «l’expérience veut que vous poursuiviez»
Résultat: Avant l'expérience les "professionnels du comportement humain" provoyait que la plupart des sujets (98-99%) allaient se montrer désobéissant. Cependant c'est 62,5% des sujets qui menèrent l'expérience à terme en infligeant à trois reprises les électrochocs de 450 volts. Des variantes ont été réalisées et la plupart constatent un pourcentage d'obéissance maximum proche de 65%.
--> Ces résultats sont assez effrayants et mettent en évidence le poids de l’autorité (symbolisée ici par la blouse blanche et les locaux de Yales.) Des variantes montrent que, sans l’autorité, il n’y a pas de soumission. L’individu est habitué à obéir et à recevoir des récompenses s'il à bien obéit (domaine scolaire, familial ou professionnel.) Le sujet de Milgram agit contre ses convictions et en souffre. Cependant, il se conforme à ce qu’on attend de lui.
--> Stanley Milgram ne coupe pas sa démarche de la société contemporaine. Il fait ainsi référence aux grands événements comme la Shoah, qui a joué un grand rôle dans son choix de s'intéresser à l'obéissance. Il mentionne souvent le procès d'Adolf Eichmann (fonctionnaire de haut rang de l'Allemagne nazie et membre des SS, il est responsable de la logistique de la solution finale). Il soutient Hannah Arendt qui vit en Adolf Eichmann d'avantage un bureaucrate qu'un cruel antisémite.
--> Il insiste sur le fait que les exigences d'autorité de pays démocratiques et exécutées par l'ensemble de la nation avec la soumission escomptée peuvent représenter aussi des politiques impitoyables: l'immigration et l'esclavage de millions de Noirs, l'extermination des Indiens d'Amérique, l'utilisation du napalm contre les populations civiles du Viêt Nam...
« … la civilisation est caractérisée, avant tout, par la volonté de ne pas faire souffrir gratuitement nos semblables. Selon les termes de cette définition, ceux d'entre nous qui se soumettent aveuglément aux exigences de l'autorité ne peuvent prétendre au statut d'hommes civilisés. »
citation de Laski reprise par Milgram